Felix Kama Webseite

Aujourd'hui plus qu'hier, il y a des Noirs dans le monde entier: Noirs Américains, Noirs Européens, Noirs Asiatiques, Noirs Africains, brefs Noirs noirs et Noirs mélangés. Que veut dire aujourd'hui être Africain? Ta langue quotidienne n'est plus africaine; ta religion n'est plus celle de tes ancêtres; ton économie n'est plus celle du troc; ton droit n'est plus le droit d'aînesse; veste et cravate sont tes vêtements de parade; tu ne manges plus le manioc; ta peau est violemment maquillée, tes cheveux ou perruques lisses et ton ciel n'a plus de clairs de lune cadencés de danses autour du feu; tes contes sont les aventures des films occidentaux. Qu'est-ce qu'être Africain de nos jours? Une race en voie d’extinction? F.Kama

Qui sont donc ces Camerounais entièrement à part ?

La diaspora camerounaise à la croisée de son destin.

Etre Camerounais vivant hors du triangle national, est-ce une identité, c’est-à-dire un titre, une distinction ou un diplôme ? Comment peut-on réussir l’exploit de traverser un désert et une mer, indépendamment du moyen de locomotion usité et devenir l’objet d’une damnation de la part des siens, de son pays d’origine ? La traversée serait-elle depuis les temps de l’esclavage une malédiction ?

Voici une ethnie camerounaise dont l’acte de naissance est tout neuf. Le terme diaspora camerounaise prend sa source avec la volonté des Camerounais de l’étranger de dire un mot, voire plus si possible, sur la marche de la vie de leur pays. Selon un rapport commandé par le Ministère allemand de la Coopération et du Développement à la GTZ, on distingue 3 sortes de migrants camerounais : les migrants classiques tel les étudiants, les migrants de regroupement familial et les exilés/réfugiés. Il faudrait y ajouter les chercheurs d’emploi, en majorité des hommes entre 30 et 40 ans. Cf. Die kamerunische Diaspora in Deutschland: Ihr Beitrag zur Entwicklung Kameruns GTZ 2008 p.6 Une remarque qui n’est pas futile : selon le rapport de l’OCDE, 42% de migrants camerounais en 2005 étaient des personnes hautement qualifiées (Dumont/Lemaître 2005) Des études menées par l’Observatoire africain basé en Europe et aux Etats-unis montrent que les investisseurs, chefs d’entreprises et industriels de nationalité camerounaise vivant à l’étranger et y évoluant légalement dégagent à eux seuls un chiffre d’affaire annuel moyen de l’ordre de 550 millions de dollars US. Une somme pouvant financer des projets d’envergure dans notre pays.

Cependant, à côté de cette division académique, à la faveur des actes posés par ces migrants, il y a une catégorisation des Camerounais de l’étranger qui les scinde en 2 : disons le prosaïquement, il y a les bons et les mauvais Camerounais. C’est une stigmatisation qui a fait son apparition au cours du fameux vent des libertés des années 90, du temps de l’opposition responsable, sous entendu que l’autre était irresponsable. Il y a de fait et de droit des Camerounais à part entière et des Camerounais entièrement à part. On dirait une métastase du tribalisme qui sévit dans le triangle national. Créer un tel apartheid au sein d’une nation est extrêmement grave, ce d’autant plus qu’on se serait attendu à ce que ces Camerounais qui vivent sous des cieux meilleurs se montrassent de ce fait au-dessus d’une telle ineptie politique. Mais hélas, survoler les pays, les déserts, mers et océans, réussir des études de pointe dans des universités occidentales ne nous empêche pas de rester ancrés dans les mièvreries des politiciens nationaux et entériner par nos actions ou par notre laisser faire une vision ethno tribale du monde.

Revenons à la source du problème. Ce que la féconde imagination locale a érigé en 11ème région du pays prend peu à peu conscience de son existence singulière et investit tribunes et événements pour revendiquer son implication dans la vie de la nation, consciente que comme la Liberté, la Camerounité ne se donnera pas, mais s’arrachera. Depuis lors, les jurés chargés de délivrer le certificat de nationalité et de patriotisme ont scindé les Camerounais de l’étranger en 2 catégories : d’un côté ceux qui aiment leur pays, les vrais camerounais. Ils sont reconnaissables au critère unique qu’ils sont du parti organisateur des élections de fait ou alors par sympathie. De l’autre côté, hélas plus nombreux, il y a ceux qui ternissent l’image de l’eldorado, les ennemis « tapis dans l’ombre », « les apprentis sorciers » (à propos qui dit apprenti sous-entend maître. Qui est donc le maître sorcier ?), les antipatriotes, bref les mauvais Camerounais. Depuis un certain temps, le bas peuple s’y est mis à travers diverses réactions sur des articles et des médias qui traitent les faits et pensées des Camerounais de l’étranger. Certains s’y mettent avec une telle haine qu’on serait en droit de craindre ni plus ni moins qu’un assassinat soit vite arrivé. Certainement des gens qui ont escroqué leurs frères et amis vivant à l’étranger, et qui redoutent leur arrivée au pays natal.

Ces Camerounais de l’étranger, véritables ennemis de la République ultra démocratique sont ceux qui salissent la réputation d’un pays si moderne, où il fait si bon vivre, où coulent sans fin lait et miel, une destination touristique où jour et nuit convergent tant de vols charters, un pays où les bébés boivent les vertus de rigueur et de moralisation dans le lait du sein maternel. Non, il faut vraiment être de mauvaise foi pour remettre en question la sécurité qui sévit dans cette Afrique en miniature ; il faut être insensé pour ne pas croire en un système éducatif que nous envient beaucoup de pays d’Afrique, un système tellement fiable que tous nos dirigeants politiques et leaders économiques y envoient leur progéniture. Et que dire des libertés ! Tel porte parole du gouvernement affirmerait le plus sérieusement du monde que le Cameroun joue dans la Champions League des droits de l’homme aux côtés des pays les plus démocratiques de l’univers. Des sources sérieuses affirment que les Etats-Unis supplient nos observateurs d’aller superviser les élections présidentielles chez eux ! Tant de pays à travers le monde chercheraient à s’abreuver à notre système judiciaire !  Ce n’est pas chez nous que le système D serait l’activité du monde la mieux partagée. La corruption ? Un petit accident de l’Histoire nous a gratifié de la 1ère place dans le monde deux ans successivement. Depuis, nous avons amélioré notre classement : nous ne sommes plus qu’avant dernier, comme en football aussi. On a même bravé avec mention le concours d’agrégation aux PPTE. Non, vraiment on est heureux et chanceux d’être un malade dans les hôpitaux du Cameroun ! Le potentiel hydro-électrique de chez nous ? Sa surproduction alimente même les Etats voisins. On est tellement heureux de notre présent qu’on élabore même déjà des visions pour le Cameroun Horizons 2030 et 2050 !!! Vous voyez, tout ne va pas si mal que cela. Au total, on est très modeste de dire qu’il fait bon vivre au Cameroun. On devrait dire : le citoyen Camerounais se rend coupable à « aller se chercher ailleurs ».

Elle est loin de nous, l’intention de revendiquer une quelconque supériorité des Camerounais de la diaspora sur ceux qui vivent sur place ! En d’autres termes, avoir traversé un désert et une mer n’établit pas une licence de la science infuse ! D’ailleurs, dans beaucoup de nos actions, nous n’avons pas toujours brillé par l’intelligence. On connaît les Camerounais vantards, présomptueux, imbus d’eux-mêmes, orgueilleux sans consistance, « sabitout » et tutti quanti. Très souvent heureusement, ils ont aussi les qualités de ces défauts. Pourquoi en irait-il autrement de ceux de la diaspora ?  Ceux-ci doivent savoir que les réalités sur le terrain nous en enseignent parfois mieux que toutes les encyclopédies. Il faut savoir modestie garder. Le plus qu’ils apportent doit être pris comme une autre vision des choses, une alternative, une amélioration de ce qui est fait ou existe sur place. Car, nous avons tous vécu l’échec des « éléphants blancs » et autres « usines clés-en-main » des années 80 en Afrique. La notion du transfert des technologies a fait long feu. Il ne reste aujourd’hui que la mission d’aller apprendre chez les autres les secrets de leurs technologies pour venir les tropicaliser chez nous. La mission des Camerounais de la diaspora est donc prométhéenne : il s’agit d’aller « voler le feu du Ciel » afin de venir enseigner ici « l’art de lier le bois au bois ». Comment peut-on haïr notre enfant qu’on a envoyé en mission ? Afrique, vampire insatiable du sang de ses enfants.

Déjà, sur le plan des réalités de la coutume, les Camerounais de la diaspora perdent automatiquement l’héritage de leurs parents. Sauf quand cet héritage est composé de lourds passifs, comme des dettes. Comment ! Vous voulez encore venir vous disputer les miettes ici alors que vous vivez dans l’opulence là-bas ? Dans les faits, il faut oublier que l’héritage a valeur de souvenir des êtres qui nous ont mis au monde. Ces pruniers, ces manguiers qui ont fait notre joie quand nous étions enfant, cette vieille cuisine enfumée qui projetait sur les murs les fantômes des contes de grand-mère,  doivent cesser de revêtir ce caractère émotionnel qui fonde notre lien ombilical avec cette terre. Tout est vu sous l’angle économique : l’argent prime sur le lien de sang. Etre émigré est un acte d’excommunion, d’auto exclusion. Ce qui a pris naissance au village se poursuit comme une logique au niveau de l’Etat du Cameroun. Ce pays qui est champion du monde en irrationalisme maîtrise l’art de mettre la charrue avant les bœufs, l’art de vouloir récolter sans semer, la science de pressuriser le rocher pour en extraire de l’eau, la philosophie de considérer le garrot sur la blessure comme le remède, l’assurance benoîte de se couvrir de cache sexe en oubliant que le derrière est à découvert. Or, c’est oublier que ce sont les émanations même de ce derrière qui sont irrespirables. Et donc, qui dévoilent la superficielle comédie.

Venons-en au fait !   Selon des sources concordantes, il se tiendra à Yaoundé du 11 au 13 Août un forum économique et commercial de la diaspora. Cette invitation piège, convoquée en catimini par le ministre du Commerce ressemble on ne peut plus à un chantage : les Camerounais entièrement à part veulent-ils avoir le droit d’être considérés comme des Camerounais à part entière ? Il leur faut d’abord venir faire allégeance au pouvoir en place, en prouvant leur degré de patriotisme. Ainsi, le bon dieu himself, ou son adjoint daignera vous « cadeauter » en son temps et heure ces droits que vous revendiquez.

Si seulement la moitié des conditions était réunie, tous les Camerounais rentreraient heureux chez eux. Il serait ici indécent de citer des pays africains qui voient leurs étudiants rentrer en masse au pays après leurs études. A voir l’encouragement actif ou tacite avec lequel les Camerounais poussent leur progéniture à émigrer, on conclurait que ce pays est une bombe à retardement. Ces hordes de Camerounais devant les ambassades les plus exotiques du monde pour quérir un visa ressemblent aux réfugiés du Darfour, les coups de feu en moins. Cette assertion est si profonde que lorsqu’un Camerounais de l’étranger décide de rentrer volontairement au pays, tout le monde le prend pour un demeuré mental. A croire qu’il a signé son acte de mort.

La tenue de ces messes occultes, noires et basses remet en question en elle-même le caractère objectif des desseins de ces consultations. Depuis un fameux mois de juin 2009, les Camerounais de la diaspora attendent autre chose qu’une invitation à la masturbation intellectuelle autour d’un forum économique et commercial. A l’instar de la récente mission de hauts fonctionnaires de l’Etat en Avril Mai à travers le monde pour étouffer les manifestations des Camerounais des diasporas pour revendication du droit de vote et de la double nationalité, voici une autre entourloupe destinée à distraire, à amuser la galerie et en passant, à soulager les finances publiques de quelques centaines de millions de francs. Il n’est pas exclu que chaque Ministère en ce qui le concerne prenne le relais du Mincommerce pour étaler ces orgies jusqu’à l’échéance que tout le monde connaît. Souhaitons aux fonctionnaires du Ministère du commerce, grand prêtre de ces oracles un destin moins humiliant et absurde que celui du sieur  Thomas Fozein du Ministère des Relations Extérieures.

Faut-il le noter, ce n’est pas en privilégiant les nationaux que l’économie nationale décollera. Il serait embarrassant d’énumérer le nombre de codes des investissements que les gouvernements successifs ont élaboré depuis 1982 au Cameroun, chacun d’eux le plus incitateur et plus attrayant que le précédent. Leurs échecs se sont toujours apparentés à une conséquence logique, on dirait une fatalité. Il y a eu tellement d’études bilans qui ont mis en exergue les causes de ces échecs qu’il serait insultant en ce lieu de les rappeler. Tous les fora du monde, tous les experts en expertise des sciences socio économiques, tous les docteurs en doctorats, toute la clique des copains, coquins et cousins triés sur le volet dans les différentes ambassades, tous les spécialistes en spécialisation et même tous les prix Nobel toutes disciplines confondues du monde n’aboutiront à aucun résultat incitatif tant que l’environnement des affaires au Cameroun n’aura pas été assaini. Compte tenu de l’imbrication des acteurs de la chaîne économique dans les autres secteurs de la vie sociale, l’échec est assuré tant qu’il revient à un seul ministère la tenue de pareilles assises. Il est clair que le Mincommerce n’a pas en charge la DGSN qui n’est pas en relation avec le Minfi et qui n’a rien à dire au Mintrans ou au Minville, encore moins au Mindomaines. Et point n’est besoin d’être universitaire pour diagnostiquer ces problèmes. Il paraît qu’en deux jours, ces hercules de l’intelligence devront avoir fait le tour du propriétaire qui aboutira à une « déclaration de Yaoundé ». Parions qu’elle est même déjà rédigée.

Invariablement, Camerounais et non nationaux, drapés de convictions en béton se sont fracassés sur le rocher de l’environnement des affaires au pays. Ce serait un optimisme béat de leur faire croire aujourd’hui que demain sera autrement qu’hier. Si ce forum-ci s’avérait crédible, il faudrait déjà prévoir les foudres des institutions internationales sous les fourches desquelles le Cameroun est pieds et poings liés. Dans un monde qui a érigé la concurrence, c’est à dire l’égalité de tous sur le marché,  comment le Cameroun s’accommoderait-il de passe-droits pour ses ressortissants, et qui ne seraient pas les mêmes pour les investisseurs étrangers ? Si les Camerounais de l’étranger n’ont même pas accès au droit de vote que ne leur refuse pourtant pas la Constitution du Cameroun, comment les convaincre de venir investir dans un pays où ils sont considérés comme apatrides? Où se trouve la charrue ? Où est placé le bœuf ? Les « western union » ne suffisent plus, il faut maintenant aller investir capital et intérêts réunis dans le tonneau des Danaïdes ! Quel tunnel nettoyé de toutes les poches de corruption et lourdeurs administratives va leur garantir un investissement rentable ? Cherchez qui est dupe !

Il y en a encore qui vont nous taxer d’aigris, de paumés qui auraient été privés de la mangeoire ! L’expérience récente du retentissant fiasco en coupe du monde en Afrique du Sud devrait pourtant les obliger à ne pas dégainer leurs stylos. Que d’aigris eurent raison au final ! Ne rien apprendre de nos échecs est devenu également un championnat dans lequel nous menaçons de confisquer le podium. Mais non, détrompez-vous chers plumitifs. Beaucoup de Camerounais seraient prêts à payer de leur poche ce déplacement tous frais compris s’ils avaient seulement la garantie qu’une partie des résolutions seraient mises en pratique, au lieu de dormir dans les tiroirs ou servir de papier emballage comme tant d’autres résolutions depuis 1960. C’est le lieu ici de ne pas évoquer certaines camerounaiseries restées sans suite jusqu’à ce jour. Yannick Noah s’y essaya en 2006 à la CAN en Egypte. Dans une interview au journal le Parisien, il déclare : «J’ai été préparateur psychologique des Lions en 2005. C’est mon cousin qui était ministre des Sports. Il décidait du staff. Je voulais bien venir sur certains matchs et je lui avais dit : « je viens bénévolement, je paye mon avion, mon hôtel». On manque la qualif pour le Mondial 2006 sur un penalty raté. Là-dessus, il y a la Can. J’étais en concert. Il y a un truc qui sort comme quoi pendant la Can, j’avais pour 125 000 € (environ 82 millions Fcfa) de frais. Je n’y étais pas. En fait, mon cousin avait pris de l’oseille sur mon dos. Il n’est plus ministre…»

A ces prédestinés de la « diaspora positive », ces élus de Dieu, ces méritants, ces experts ès privilèges sélectionnés dans les ambassades camerounaises, souhaitons bon vent. Représentez-vous dignement. Bonne jouissance et surtout, paraphez vos noms lisiblement sous la signature de l’acte d’apartheid de la diaspora camerounaise.

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