Vous pourriez peut-être dans un premier temps nous raconter comment vous êtes arrivé en Allemagne, à Stuttgart, pour travailler en tant qu’artiste ?
Je suis arrivé en Allemagne en 1996, mais ce n’était pas pour travailler en tant que comédien. En fait, j’avais décroché une bourse pour une résidence d’artiste à Stuttgart, à l’Académie Schloss Solitude. J’ai été ensuite en contact, à la fin de ma résidence, avec la Theaterhaus de Stuttgart qui était intéressé par ce que je faisais. Ce théâtre m’a offert un contrat, qui a déjà été renouvelé et qui j’espère le sera encore.
Comment avez-vous eu l’idée de déposer un dossier à cette Académie ?
C’est une résidence assez mal connue. L’information émanait de l’UNESCO ; je l’ai eu par l’intermédiaire du comédien Ambroise Mbia.
Etes-vous germaniste ?
Maintenant on peut dire que oui, mais avant d’arriver à Stuttgart pas du tout. Au lycée, au Cameroun, j’avais plutôt étudié l’espagnol et je n’avais jamais imaginé que je me retrouverais un jour en Allemagne.
Comment s’est passée votre adaptation ?
Cela été évidemment difficile sur plusieurs plans : le climat, la vie même en Europe et les méthodes de travail. Finalement, l’obstacle le plus facile à surmonter a été celui de la langue. Je ne savais dire que “ Guten Tag “ et lorsque le théâtre m’a proposé ce contrat, après une première hésitation, j’ai accepté en me disant que c’était l’occasion d’apprendre une nouvelle langue et de m’ouvrir à une autre culture. Cet obstacle, nous l’avons surmonté avec l’aide d’une langue “ tiers “ : l’anglais ; notamment pendant la mise en scène de Mikul Minem où on s’est exprimé en anglais alors que le spectacle était joué en français et en allemand.
Vous avez fait cette résidence en tant que comédien ?
En fait, les choses sont très ouvertes : la résidence peut être celle d’une écriture, d’une mise en scène, d’une performance… et j’ai eu la chance de coiffer les trois chapeaux. En venant, je croyais que je trouverais une troupe de théâtre, un metteur en scène et des auteurs mais j’ai été surpris de constater à mon arrivée que j’étais le seul acteur, le seul metteur en scène et peut-être le seul dramaturge. Pour jouer, j’ai donc été obligé d’écrire un monologue puis de trouver un metteur en scène.
Il semble qu’il y ait en Allemagne un vrai manque de comédiens noirs germanistes ?
J’avoue que mon premier rôle à la Theaterhaus a été celui d’un policier… allemand dans Emma und Eddy, une pièce allemande. Mais c’est vrai qu’il y a un déficit d’acteurs noirs sur la scène allemande. Cela est dû au fait que le théâtre allemand est assez conservateur et dans son répertoire, très peu de pièces font référence à une société multiculturelle, surtout celles d’aujourd’hui. A ma connaissance, à part moi, il n’y a qu’un seul acteur noir, Ismaël Ivo, d’origine brésilienne et qui est (….)
Entretien de Sylvie Chalaye avec Félix Kama
Quelle: http://www.africultures.com/php/?nav=article&no=1317
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