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Aujourd'hui plus qu'hier, il y a des Noirs dans le monde entier: Noirs Américains, Noirs Européens, Noirs Asiatiques, Noirs Africains, brefs Noirs noirs et Noirs mélangés. Que veut dire aujourd'hui être Africain? Ta langue quotidienne n'est plus africaine; ta religion n'est plus celle de tes ancêtres; ton économie n'est plus celle du troc; ton droit n'est plus le droit d'aînesse; veste et cravate sont tes vêtements de parade; tu ne manges plus le manioc; ta peau est violemment maquillée, tes cheveux ou perruques lisses et ton ciel n'a plus de clairs de lune cadencés de danses autour du feu; tes contes sont les aventures des films occidentaux. Qu'est-ce qu'être Africain de nos jours? Une race en voie d’extinction? F.Kama

Nous aussi serons élus (FR)

CONTE THÉÂTRAL
Félix Kama

Nous aussi serons élus

Note de l’auteur:
L’écrivain est un potier. Cela va de soi. Il utilise, invente et pétrit avec les mots les idées. L’acteur est un danseur-musicien. Musiquer et danser à la fois? Bizarre! Mais qui discuterait un théorème? C’est écrit sur sa carte d’identité. Il donne la mélodie et la fantaisie plastique aux mots et aux maux de l’auteur. Le metteur en scène est un couturier. Et comment! Il habille de vie les mots de l’auteur. C’est un pensum et c’est pourquoi il cherche les étoffes entre les lignes et même derrière les mots de l’auteur. Ainsi, l’apparent caractère volumineux de ce texte (et l’omission de didascalies) n’est pas logorrhée, mais engrais pour culture de conceptions. Le conteur est d’ailleurs par essence un paroleur. Car lorsque l’ancêtre Atangana Eloundou (il a été enterré le 08.01.05 pendant que j’en étais à la virgule qui précède le point final de cet écrit!) me contait cette histoire, elle durait à peu près trois minutes, peut-être neuf, en tout cas pas plus de dix-sept. La durée est même superfétatoire, car tout le monde disait au village que si Atangana Eloundou ne mentait pas toujours, la distance entre son dire et l’hyperbole était aussi ténue qu’entre l’ongle et le doigt. Et on sait chez nous que lorsque tu manges la main d’un chimpanzé dans un bouillon de piment, fais attention à ta propre main. Donc, acte. Je lui ai désobéi ici en lui obéissant là. Je lui dédie ce dit.

Non, ah que non, que la rotondité de vos ventres ne vous y trompe pas, non non, tout là-bas n’est pas toujours aussi rond. C‘est parfois carré, même qu’on y voit des ventres rectangulaires, il y a aussi des ventres plats. Il y a même eu une période où on dessinait carrément avec les ventres un C… majuscule s’il vous plaît! Quand on y pense bien aujourd’hui, et à la lumière de vos ventres répandus à califourchon sur vos genoux, on peut conclure que l’unique chose au monde qui est plus forte que la famine, c’est la propre sensation de famine. Si la faim elle-même pouvait avoir faim, elle aurait cessé de sévir. Mais non, la faim se porte là-bas à merveille. Elle se nourrit des estomacs qu’elle a creusés, des salives qu‘elle a asséchées, des espoirs qu‘elle a suscités, puis taris.
D’abord, pour survivre nous avons commencé à trouver le cuir des chaussures d’un goût pas mal du tout. D’ailleurs, s’il n’est que de se chausser, une seule paire suffit. Les ceintures elles-mêmes servent de provisions pour les temps durs, parce que tout le monde a découvert les vertus de la pratique d’un régime amaigrissant. Même les porte-monnaie en cuir, qui sont par nature si discrets se sont frayés une place dans nos plats. C’est lorsque l’instinct de cannibalisme sur les cadavres est devenu palpable, lorsque les hommes ont commencé à regarder leurs femmes avec des yeux autres que ceux de la concupiscence; c’est lorsque les femmes ont commencé à considérer leurs époux avec un intérêt autre que celui du lucre, lorsque les insinuations et les jeux des enfants avec leurs parents se sont rapprochés davantage du destin d’Œdipe qu’on s’est dit à l’unanimité qu’il doit y avoir fatalement un point à la fin de tout.
Les alentours sentent la famine, depuis l’éveil du jour, jusqu’à son assoupissement. La journée elle-même, peinturlurée de couleur famine traînaille en longueur. La pointe culmine vers la mi-journée et tout semble ne survivre que par l’un de ces miracles dont seul le destin possède le secret. Déjà on a commencé à trouver le couvercle des poubelles sans objet, raison pour laquelle les bacs à ordures ont bravé le concours d’entrée dans les musées, afin que les générations à venir aient souvenir de quoi il s’agissait autrefois. Parce qu’on peut compter les os des arbres, leurs feuilles ont donc verdi, tôt mûri, bruni, blanchi, puis reverdi, et n’en pouvant plus de s‘étioler, elles ont oublié de tomber. Qu’iraient-elles chercher par terre qu’elles ne trouvassent sur place? Le soleil a brillé comme ça, puis comme ça ou encore comme ça. La vigueur de ses rayons, tantôt décuplée par la rage de survivre, tantôt cédant sous la fatalité affamée, décline inexorablement. Les rayons n’en pouvant plus de rester verticaux, deviennent obliques, horizontaux. Il y en a qui dessinent des X de couleur ultra et même serpentuesques. Aïïïïeee! Ce qu’il fait pitié, le soleil. Mais la famine reste figée dans son entêtement à cohabiter avec la vie. Pour résoudre un problème, il faut en rechercher la cause, démonter ses mécanismes avant de le cuisiner.
Afin de se laver du péché de son ancêtre éponyme, la nature humaine a besoin d’un coupable. Premiers accusés : les Noirs. Ce dont ils manquent sur la table, ils le consomment au lit. Ils encombrent ainsi l’humanité utile. Ils ont eu beau se défendre en disant que c’est tout ce qui leur reste comme on leur a déjà tout pris, on leur a fermé la bouche avec d’autres arguments : ils agriculturent sur brûlis pour noircir la terre ; pire, ils traversent l‘Histoire sans un pas en avant et accrochés de façon indécrottable à une mentalité de l’âge de la pierre taillée. La preuve, malgré que cinq siècles durant on leur a appris mathématiquement, systématiquement et scientifiquement à traverser les océans dans la cale des bateaux, aujourd’hui ils font mieux : ils les traversent par charters à la nage. Quant au peuple autoproclamé élu selon «un livre de pierre gravé de lettres de feu » il s’est juré de démontrer à la face du monde qu’on peut très bien aimer son prochain en vouant à son voisin une haine intime pour les siècles des siècles. Les occidentaux quant à eux sont accusés d’avoir expédié Christophe chez les Indiens d’Amérique leur voler l’art d’envoyer des signaux par des volutes de fumée. De cette tricherie, ils cultivent partout des champs d’usines de gaz pour fabriquer les fumées les plus épaisses qui existent. Ils chargent l’ozone de les convoyer plus haut. L’Antarctique naguère blanc se vêtit du jaune sahélien à vue d’œil.
Quant aux Jaunes, leur tort vient de ce qu’ils ne comprennent pas pourquoi, en cuisant, les grains de riz sèment la multiplication dans les marmites. Les Jaunes ont donc accru en conséquence leur population en valeur exponentielle. Et pour que personne ne trompe l’autre dans la ration, ils ont rétréci du coup les quatre paupières de leurs yeux pour compter sans faute les grains de riz.
La faim se porte chaque jour on dirait mieux que la veille, et moins bien que demain. Elle fleurit et s’engraisse bien. Les savants en perdent leur latin, tandis que les latins découvrent que la faim ne se nourrit ni de dénonciations, ni d’auto flagellation, et encore moins de critiques. La faim a bon appétit mes amis, sauf votre sensibilité, je dirais même que la faim mange à sa faim. Chaque être humain veut mourir en embonpoint. Qui aimerait par exemple mourir accroché sur deux planches croisées, la peau du ventre côtoyant de la peau du dos, les paires de côtes aussi dénombrables que les doigts de la main? Hein ! Qui ? Personne! Jamais. Pas du tout. Aka ! C’est pourquoi de tables rondes en tables carrées et tables ovales en passant par colloques, conférences, workshops, comités de réflexion, de crise, commissions d’enquête, comités de suivi ainsi que d’autres conclaves à per diem et frais de mission, on a perdu un temps majuscule à détecter le coupable de la famine qui ronge le monde.
C’est sur ces entrefaites qu’un chercheur arrive chez nous : de type Arabe portant djellaba, long boubou sans couleur et sans pantalon, grand de taille, cheveux blonds, des yeux bleus, évidemment barbe fournie et sandalettes. « Réveillez-vous, braves gens, qui dira demain qu’il n’a pas entendu ? Que celui qui est aveugle m’écoute, que celui qui est sourd me regarde, que celui qui est handicapé me suive ; voici le bonheur est à vos portes ! Je sais ce qu’il vous faut, même si vous-même l’ignorez. Voici le coffre-fort du futur, déposez ce que vous avez de plus cher aujourd’hui dans ma banque, même vos arrière petits-fils continueront à en percevoir les dividendes, jusqu’après l’éternité. » Ainsi parle l’homme. Il a fait de l’enseignement du bonheur sa spécialité et recrute du personnel. Mais, que peut bien signifier le mot bonheur quand on se nourrit de faim? Ce gars m’a regardé comme ça, sans me voir et m’a dit tout simplement : mon frère suis-moi.
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Consultez vos calendriers, car nous sommes là dans les temps où les préceptes démocratiques de Platon et Montesquieu ne donnent pas encore des insomnies aux dirigeants du monde. C’est pourquoi notre chef du G13 est à la fois chef du gouvernement, 1er magistrat, ministre des relations avec les hauts lieux, ministre de la jeunesse et des sports, ministre de l’éducation civique, ministre du transport à pied et à dos d’âne chargé des problèmes d’émigration, ministre des affaires occultes et du planning familial. Pour montrer que son ONG est à but non lucratif, il a confié le ministère de la gestion des cordons de la bourse à celui d’entre nous en qui il a le moins confiance. Le pauvre! Conséquence, plus jamais on n’a donné son nom quelque part à un enfant. Il n’y a que les vivants qui appréhendent le cercueil. Sinon quand on est mort-là, Aka ! Mais n’allons pas vite en besogne.
La troupe des 13 va donc de case en case, quémandant de l’eau par-ci, tranchant des oreilles par-là, jouant avec les petits-enfants et partout talonnée milli métriquement par l’inusable faim. Nous atteignons Manoco, au lieu-dit “qui-perd-gagne”. Devant une maison dont la luxueuse architecture insulte la famine ambiante, se tient un oranger surchargé de fruits qui supplient de tous leurs vœux les maraudeurs. Vous pensez bien que ce n’est ni par manque d’envie, ni faute d’avoir essayé que personne ne s’approche de cet arbre ici à Manoco. Le maître des céans, Ading Akouma qui a pour prénom Kobingolom est la bonté pure, mais comme il n’y a pas de paradis sans serpent, pour se repaître de ses fruits succulents, il faut auparavant vaincre le propriétaire aux jeux de hasard. Or pour jouer, il faut parier, et aucun pari ne répugne Ading Akouma. Il est capable de mettre sur la balance toute sa fortune contre l’âme d’un enfant à naître dans 10 mois!
Voici quelques maximes qui régissent la pensée et les actes d’Ading Akouma Kobingolom:
Maxime 1- La vie est une loterie, alors joue pour vivre
Maxime 2- Sois bon samaritain, aide ton adversaire qui croule sous le poids de son porte-monnaie, prends-le lui!
Maxime 3- Ne dors jamais tant que le peuple n’est pas ruiné.
Maxime 4- La défaite est sacrée, ne la touche pas, confisque la victoire.
Maxime 5- Faire la politique, c’est anticiper. Donc ne laisse pas lambiner aujourd’hui ce que tu peux gagner demain.
Maxime 6- Ne donne jamais rien pour rien. Ce qui apparaît inutile aujourd’hui peut devenir un trésor demain.
Maxime 7- Quand tu ressens quelque dégoût pour le jeu, assieds-toi calmement et attends: ça va passer.
Maxime 8- N’oublie pas, l’argent c’est la santé. Donc n’en laisse pas aux pauvres. Dieu n’a pas dit d’être pauvre.
Maxime 9- Dès que tu es rassasié, accumule, accumule pour tous les demains à venir et pour les siècles des siècles…amen.
A Manoco, nul ne se souvient avoir sucé une orange de chez Kobingolom, autrement que par compensation pour tout ce qu’on a perdu au jeu. Même le nombre de ses adversaires est sous la coupe de la famine ambiante: ils débordent rarement 2 l’année. Pour satisfaire sa passion du jeu, Ading Akouma est souvent obligé de jouer contre lui-même et les deux terminent chaque partie par un match nul. Si la main lave le pied, l’inverse ne s’est jamais vu; mais la main gauche lave la main droite et vice-versa. Une victoire sur soi-même n’est pas l’apanage de tout un chacun. Devant la porte d‘Ading Akouma, comme pour symboliser la salle d’attente des parieurs, il y a un long banc. Son bois moisit dans la vaine attente d‘un postérieur qui l‘honorât. C’est donc dans ce palais que notre troupe des 13 estomacs squelettiques débarque pour quémander «notre pain de ce jour.»
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Les trois vœux donc. Les meilleurs amants de la terre, les meilleurs amis que le soleil ait éclairés, les vrais jumeaux et même des siamois ne sauraient faire l’unanimité devant un tel choix. Sans ce voile qu’est l’ignorance, l’homme vivrait dans le nirvana de la certitude éternelle.
– “Je voudrais être invincible aux jeux de hasard!”, énonce Ading Akouma. Tous les douze nous nous regardons, mais gardons l’espoir que l’accession à la quiétude éternelle serait le second vœu. Le ministre chargé des relations avec les hauts-lieux quant à lui, a vêtu ses émotions du linceul du calme, comme un père. Sans le droit à l’erreur, on n‘est plus de ce monde. De plus, je vous le demande, que serait l’existence d’un homme, sans l’assouvissement de ses passions? Et si l’agréable garantit l’utile en le précédant, qui s’en plaindrait? Personne. Jamais. Pas du tout. Aka! Au vœu suivant!
– “ Ce banc devant ma porte, poursuit le dérapant, si jamais quelqu’un l’honore, à moins que je lui en donne l’ordre, il ne saurait se relever”. Mes compagnons et moi commençons à nous inquiéter, mais nous domestiquons l’espoir que le dernier vœu se nommera la plénitude éternelle. Le ministre de l’éducation civique s’est emparé d’une boîte de colle forte et en a enduit ses réactions, comme un fils. Nul ne saurait se prévaloir de sa propre turpitude. Comme on fait son lit, on s’y couche et on s’y sent toujours mieux que dans le lit du palais d’un président d’une république bananière.
On peut vivre à plusieurs dans la même maison, mais les chambres sont nombreuses. Si beaucoup de raisons ne sont pas plus une raison qu’une seule raison, il est aussi vrai qu’on a vu des minorités de 70% et des majorités de 30%, car beaucoup de voix qui chuchotent, si elles ne crient à l’unisson ne triompheront jamais de la voix du plus fort. Et la voix du plus fort n’est pas celle qui crie au désert. Ce fut ainsi; ainsi c’est; ainsi soit-il. Nous nous sommes maintenant accroupis, dans un silence basilique, en l’attente enfin de l’annonce du vœu trois, et prêts à sauter de joie.
– “ J’aime les feuilles d’oranger. L’odeur de l’oranger en fleurs m’enivre. J’adore voir les oranges. Je déteste ceux qui les cueillent. Cet oranger mien, si quelqu’un y grimpe, il ne saurait en redescendre si je ne lui en donnais l’ordre “. Nous avons commencé à sortir un à un depuis le début d’énonciation du troisième vœu. Notre chef quant à lui, se déchausse subrepticement et cotise ses sandalettes dans une main, tandis que dans l’autre il a convoqué toutes affaires cessantes les pans de sa djellaba dans le but de pourvoir son corps d’une forme aérodynamique. Vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi, mais si cet homme Ading Akouma n’est pas une métaphore du diable, il en est l’ombre et, comme on le sait cette dernière ne marche jamais seule. Quand il s’est rendu au terme de l‘énonciation, un seul individu reste devant Ading Akouma Kobingolom. N’est-ce pas qu’un bon capitaine est toujours le dernier à abandonner l‘objet du péril? Mais plus rapide que la vitesse du son de sa voix, notre guide a tronçonné l’écart des secondes qui nous séparait de sa dernière ouaille. “Il en sera comme tu le veux” prophétise t-il en soulevant la poussière. Mais le temps que la parole de notre mentor ait quitté ses lèvres pour atteindre l’oreille d’Ading Akouma, notre guide a failli presque nous doubler. Je vous dis, le chien qui a aperçu une antilope et celui qui a flairé une panthère ne courent pas de la même façon.

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Notre homme ne s’affole pas et entreprend même de faire son baluchon. Quand apparemment il est prêt, il empoigne le parler: “ j’ai un dernier vœu, j’étais amoureux fou de jeux. Je laisse une richesse à calculs astronomiques, et dont j’ignore l’héritier. Je te donne gratuitement tous ces avoirs contre tout ce que tu parieras si tu gagnes une partie contre moi.”
Au cours de son éternité, la tentée avait tellement tenté qu’au lieu de tenter fut tentée. Il n’y a pas de loi qui y défende. C’est pour cela que les petits mâles des animaux s’essaient souvent sur leurs mamans. La Macabre parie donc une de ses sandalettes contre toute la richesse de son docile cobaye. Il la perd. A quoi cela sert de porter une sandalette quand l’on a perdu l’autre? Si on t’arrache la charge, vas-tu défendre le coussin? Seul un fou arbore un seul pied de chaussure, et Awú La Mort n’est pas folle. C’est pourquoi l’autre sandalette est allée vouap zip ! rejoindre la première. La Plénipotentiaire possède un peu d’argent. Ce dernier change de porte-monnaie. La mort porte une robe très longue et découvre séance tenante que pour son métier, autant de tissu ne lui est même pas nécessaire. L’étoffe sera taillée à la limite de la décence et ira s’entasser sur les sandalettes et l’argent. Awú La Mort se trouve parée de beaucoup de bijoux. Ils courent l’un après l’autre s’amonceler sur les biens du joueur-qui-ne-sait-pas-perdre. L’Invincible porte un joli foulard. Il ira lui aussi encombrer l’héritage sans héritier du joueur qui-ne-sait-que-gagner. L’Irrespectueuse possède un mouchoir imbibé de sueur. Il se dépêche de changer de propriétaire. Il ne reste plus à Awú La Mort que sa montre, un instrument de travail d’une nécessité indiscutable. Saviez-vous que la mort est sexy ? L’Inaltérable porte un reste de tissu pour se montrer un peu digne devant ses clients et son âme. Pour éviter de parier pour un striptease complet, Awú La Mort pique deux marathons fois cent mètres, se jurant qu’Ading Akouma ne perd rien pour attendre. Quand on va à un voyage pour y passer la nuit, a-t-on besoin de partir tôt le matin? Jamais. Non. Personne. Pas du tout. Enfin…
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C’est pourquoi Ading Akouma prie l’infatigable de s’asseoir un moment, d’autant plus qu’il laisse l’impression qu’il a presque fini et ne s’apprête plus qu’à mettre un point sur un deux cinq détails. D’ailleurs, il range même déjà la paperasse.
La dame rassemble ses rhumatismes et môôôôôôt ! De ses fesses jumelles elle tapisse le banc. Un paquet de temps s’est rendu vers l‘aval de la montre, puis vers la descente de la semaine et emprunte bientôt le sentier qui mène vers les bas-fonds du calendrier. Cet homme présenterait une thèse ès temps perdu qu’il obtiendrait les félicitations du jury sitôt l’énonciation des prolégomènes. Chaque chose qu‘il rangeait nécessitait une pause, puis un repos qui se terminait généralement par une sieste. Certains sont fatigués d‘avoir beaucoup travaillé, mais il y a des gens qui se reposent pour n‘avoir rien fait, car mon gars, ne rien faire là n’est pas facile, ça fatigue énormément hein ! La vieille dame aurait donné volontiers un coup de main pour aider à ranger les affaires du joueur, mais comment décoller ne fût-ce qu’une seule fesse de ce banc? Je ne dis pas deux, mais une seule fesse ! C’est un caprice congénital de la réalité de souvent montrer à l’imagination ses limites. Quoi ? Marcher avec un banc de salle d’attente collé sur son postérieur ! Il y a des expériences probables, voire possibles, mais il y en a aussi qui sont inimaginables. C’est le domaine réservé des mathématiques transcendantales du père et du fils.
La Lugubre Dame, plus elle y réfléchit, plus elle se rend compte qu’elle ne se trompe pas, qu’un piège se referme sur elle. Il n’est pas évident d’accepter une seconde défaite d’affilée depuis la genèse. Qui plus est, face au même adversaire! Awú La Mort entrevoit tous les croquis de son travail à venir: c’est pire que la mort! Comment marcher avec un banc collé sur ses fesses ?
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Ce n’est que le soir de la huitième nuit qu’il entreprend la récolte des oranges, ses oranges. Avec toute l’énergie que son âge lui permet, il grimpe sur l’oranger. Avec toutes les précautions que sa gourmandise lui autorise, il cueille un fruit, et avec toute la vigueur que ses muscles lui laissent, il redescend. Il déballe ses bagages avec toute la rapidité que son caractère méticuleux tolère, cherche un mouchoir et emballe l‘orange avec toute la préciosité que les adieux acceptent et regrimpe sur l’oranger avec toute l’énergie que son âge lui permet. Le lendemain matin, il n’a fait que cinq aller-retour et demi. Car la sixième orange est méticuleusement dépouillée, harmonieusement disséquée lobe par lobe, mathématiquement répartie dans un plat quartier par quartier avant d’être appétitement dégustée, lamelle par lamelle. La digestion qui s’en suit dure 1h 27 minutes, car même la mort ne doit pas sonner le glas du savoir-vivre. Awú La Mort bouillonne d’impatience. A ce rythme, la prochaine floraison de l’oranger surviendra avant la fin de la récolte de la production précédente. Lorsqu’un arbre chez nous porte des fruits et des fleurs en même temps, on peut être sûr que c’est une bouture de l’oranger d’Ading Akouma Kobingolom.
Quand on commet une faute une première fois, c’est de l’ignorance; une deuxième fois, c’est une erreur; mais être trois fois pris au piège tendu trois fois par la même personne trois fois au même endroit, alors là, vraiment, laissez-vous vous faire le test d’idiotie. Mesdames et messieurs, ce n’est pas parce que le caoutchouc est élastique qu’on peut le tirer d’un bout du monde à l’autre. L’obscurité de la nuit n’empêchera jamais le jour un jour de se lever. Mais comment ? Même le poisson se noie, d’autant que l’eau qui l’a vu naître peut le cuire. Il n’est pas bon que la langue dépasse le nez et lorsqu’on peut lécher son coude, c’est que trop c’est trop et comme le mieux est l’ennemi du bien et que l‘on peut toujours faire mieux, Awu La Mort hop hop tsac tsac tsàààà, a grimpé sur l’oranger, vouk vouk vouk, a secoué rudement l’arbre qui s’est dépouillé vrrrrooouuup de tous ses fruits, y compris Ading Akouma Kobingolom. Hélas, trois fois hélas, disons même… quatre fois hélas, l’ancestresse ne peut redescendre.
Si toutes les oranges se retrouvent par terre, Awú La Mort elle a largement le temps d’échafauder toutes sortes de stratagèmes pour mettre pied à terre. Elle expérimente ce qu’éprouve un petit enfant monté sur une échelle pour la première fois de sa vie. On dirait que l’arbre s’est mis à grandir à vue d’œil. Vu de la terre, le ciel paraît à portée de main, d’un lancer de caillou on peut le cueillir. Mais vue du haut d’un arbre, la terre devient microscopique. C’est pourquoi La Mort a abandonné tout de suite l’idée de se lancer dans le vide qui l’avait effleurée un instant. Ahahahahaha ! Elle frissonne à l’idée de s’écraser sur le sol. Qui l’eut cru, même La mort aurait peur de la mort ? Imaginez-vous La Mort morte, aucun homme n’aurait plus de peur dans ce monde. Entre Awú et cet homme, il n’est même plus question de rapport de forces. Awú commence à ressentir le ridicule face à cet homme aux milles astuces. Mais est-il permis d’avoir honte lorsqu’on fait quelque chose pour la dernière fois? Non. Personne. Jamais. Pas du tout.
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Awú La Mort empare l’homme sans parade et l’emporte comme on dit, sans autre forme de procès. Ading Akouma Kobingolom a fini. Le héros est fini. Kpatt ! Mááánn ! Le voyage. Le départ. La rigidité. Le convoi solitaire. Le mariage avec la terre. Ni repu ni affamé. Ni chaud ni froid. Ni jour ni nuit. Sans peur et sans enthousiasme. Il est sinueux et parsemé d’épines, le sentier qui conduit à la quiétude éternelle, disent ceux qui n’y sont jamais allés. Mais là, rien! Le royaume d’en-haut! Devant la guérite du palais de l’oncle Sam, deux gardiens: l’un armé d’un sabre en pierre et vêtu d’un gilet pare-balles en fond de misère insensible et l’autre tout de billets habillé et armé d’une banque mobile. Défense d’entrée.
– Ne me reconnaissez-vous pas ?
– Si. Nous te connaissons même très bien. Il était écrit: “ Souffrez aujourd’hui et vous jouirez demain. Tu fis l’inverse. Aussi te reverse t-on là où de droit.
– Suis cette pancarte. Quand tu seras à destination, tu n’ignoreras pas.”
– Prends ce pli, c’est ton passeport. À destination, il te sera demandé la clé. Alors lis-le.
– Jouons
– Non!
– Puis-je m’asseoir?
– Non!
– N’avez-vous pas d’oranger ici?
– Non, ici c’est le tribunal de dernière instance. Pas d’appel.
Et hop, Ading Akouma Kobingolom prend direction marcher vers les territoires d‘en-bas. Traverse un océan violent et hostile à la nage. Jamais vu de vagues aussi hautes, de plages aussi noires et rugueuses, de sables aussi mouvants, de rochers dont l’abrupt sinistre dessine au-dessus de la mer des têtes de mort, comme pour effrayer la mer. Traverse un désert dont les rigueurs auraient eu raison de la rudesse de tous les autres déserts de la terre. Traverse une jungle dont la sauvagerie a kamikazé toutes les aides au développement. Rencontre un spécimen d’hommes rares dont le sport favori est:
Un : procréer sans frein, puis
Deux : s‘atteler à attacher hermétiquement l’horizon à leur jeunesse, ensuite
Trois : broyer leurs propres génies et
Quatre : exiler les talents qu’ils n’ont pas réussi à enc…. Seule bougie allumée dans ce décor: une terre fertile où de beaux vampires poussent partout. Nulle part ailleurs il n’a vu un peuple si veule, des ânes qui n’avancent mieux qu’au prorata des coups reçus, on dirait qu’ils ont le siège de leur intelligence installé aux fesses. Partout un cortège de zombis qui se meuvent par spasmes, le regard obsédé sur le présent parce que le passé est un mot étrange et l’avenir un vocable étranger.
Voilà comme le royaume d’en-bas lui tend des bras tentaculaires. La dictature, l‘anti-développement, les poubelles napolitaines en plein air partout ; toutes les grandes épidémies, les innombrables endémies, les 335 nouvelles maladies émergentes comme le sida, l’Ebola, le Hanta, le Sars… les guerres pour oui, les guerres pour non ou même pour rien, le réchauffement de la terre, l’hébergement des déchets toxiques produits ailleurs, la famine, la fonte des glaciers, l‘esclavage, la sorcellerie, la haine vivent ici dans une cohabitation essentiellement vigilante. Les mauvaises langues disent qu’une catastrophe naturelle céleste d’une rare intensité aurait effacé le ciel de ce coin de la terre. Oui, quand on lève la tête dans le royaume du sud, c’est exactement comme … ce qui vient après le point final. Voilà.
Kobingolom marche, marche et marche. Il reconnaît la frontière à deux douaniers qui se tiennent devant une porte ni ouverte ni fermée, devant un mur ni debout ni tombé. Rien de tout ce à quoi on reconnaît une entrée d’un domaine ou d’un édifice. Ou bien sont-ce deux policiers? Derrière eux, il y a un coffre-fort sur lequel le mot «consigne» est gravé. C’est là qu’on doit déposer ses ambitions avant d’entrer. En guise d’identification, les douaniers lui tendent leur porte-monnaie affamé et assoiffé. Ading Akouma dépucèle son passeport et lit à leur intention: «Le maître de ces lieux est premier en tout, champion en tout, empereur à vie, président à vie, c’est pourquoi mon entrée en ce lieu est acte d’allégeance ». Les uniformes baissent leur stupre rempli de malgré, plein de dommage, auréolé de désolé, voire de malchance et le laissent passer.
Il y a un restaurant unique ici et Ading Akouma se rappelle qu’il n’a pas mangé depuis longtemps. Il consulte le menu. Petit déjeuner : un grand bol de doulaise chaude, un pain quotidien de farine de doulaise, de la marmelade de doulaise ; au déjeuner : viande de doulaise assaisonnée aux herbes amères, poisson de doulaise aromatisé aux épices amers et pour les végétariens, salade de doulaise couchée sur son lit amer. On est libre le soir de souper et pour la carte, cf. petit déjeuner ou déjeuner au choix. Un concert de jérémiades, de rires verts ou jaunes au choix, de pleurs et gémissements font une disharmonie en fond sonore sempiternel.
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Mais dis donc, c’est comme si travailler au ministère de l’élevage suffit pour faire de quelqu’un un animal ! Le bœuf humecte son nez à l’aide de sa langue et personne ne trouve à redire. Mais c’est quand la langue de l’homme atteint déjà son nez que trop c’est trop. Alors le chef de l’enfer alla revendiquer une audience toutes affaires cessantes chez l’oncle Sam.
– Écartez-vous de mon passage, malheureux portiers. Je dois toucher deux mots à votre chef.
Les deux portiers se mirent à chanter:
Serais-tu mort d’une morsure de serpent?
Nous aurions senti l’odeur de pourriture
Serais-tu mort d’accident?
Nous t’aurions accueilli en morceaux
Serais-tu mort de vieillesse?
On t’aurait vu plus philosophe et positif
Serais-tu mort de maladie?
On t’aurait vu une écorce d’arbre à la main tenant
Qui es-tu sans signe précurseur?
– Nom, prénom, date et lieu de naissance
– Statut matrimonial, profession
– Nature et nombre de kilos de péchés commis, ensuite …
– Je ne sais quelle puissance m’empêche de continuer à écouter vos jérémiades.
– Ceux qui viennent ici sont connus d’avance et doivent montrer patte blanche.
– Ce qui n’est pas votre cas. Présentez-nous votre visa.
– Vous n’étiez pas encore recrutés quand je suis parti d’ici. Ma qualité d’aînesse vaut droit.
– Dans ce cas vous devez au moins prononcer la question de passe.
– J’ignore quelle puissance me dicte de vous la donner : mais soyez heureux que je sois aujourd’hui d’humeur coopérative. Voici : « A la fin des temps, si tout rentre au principe dernier, où se trouvera le lieu des flammes? » Et maintenant cédez le passage !
– Pas si vite, monsieur. Reste un problème fondamental à résoudre : nul n’entre ici s’il n’est pur. Or à voir la couleur de votre peau…
– Quoi ? Vous seriez racistes ici aussi? Où va le monde si on est raciste partout ? De l’air !
Et le seigneur du royaume d’en-bas bouscule les portiers et fonce vers le palais.
– Qui êtes-vous pour entrer ici sans permission ? Devant lui se tient un monsieur grand, cheveux blonds, barbe blonde, les yeux bleus. C’est probablement un peintre allemand puisque son corps est tout maculé de rouge. Le peintre tente de lui barrer la route, les bras en croix.
– Vade rétro, fils à papa. Je ne parle pas à un porte-parole.
– Je suis le chemin et nul ne peut atteindre le royaume…
– Jeune homme, un peu de respect quand même. On ne parle pas à son frère aîné sur ce ton.
Et hop, il pousse le peintre qui s’affale et le chef du Sud passe sur lui. Une constellation de lumières s’et mise à scintiller on eut dit un stroboscope. Le chef du Sud ne sait plus dans quelle direction avancer. Son équilibre est devenu virtuel, d’autant qu’il n’y a pas de support où il aurait pu s’agripper. Soudain une lumière vive lui fouette le visage et l’aveugle. Il ne peut avancer qu’à reculons, plié en deux pour mieux voir le chemin. C’est ainsi qu’il se retrouve au palais. Un poteau de bois noir surmonté d’un toit en forme de croix tient lieu de case à palabre. D’une main, l’oncle Sam mange un pain circulaire débordant de viandes inconnues et tient dans l’autre une bouteille noirâtre dont le contenu l’aide à avaler la pilule.
– Que me vaut la visite de ce fils ingrat? Sa voix ! Mon Dieu, quelque chose de jamais entendu. Ni féminine, ni masculine, ni stentor, ni flûte, ni antipathique, ni douce, mais inimitable. C’était LA VOIX, point.
– Épargne-moi tes qualificatifs de père jaloux du succès de son fils. Il y a chez moi péril en la demeure.
– Qu’est-ce qui peut troubler ton succès?
– Rien ne peut m’empêcher de dormir. Mes conquêtes ne se dénombrent plus. Mon royaume s’élargit au-delà de mes espérances et je ne me soucie que de l’amenuisement du tien.
– Voudrais-tu nier que ceux qui sont chez toi donneraient tout pour obtenir un visa d’entrer chez moi? Regarde la foule devant les cathédrales de mes ambassades chez toi, regarde les pirogues qui défient sur les vagues de l’océan, regarde les colonnes de fourmis noires arpenter jour et nuit le désert.
– C’est tout simplement pour venir récupérer quelques-unes des richesses que tu as pillées chez eux.
– Ce que le gardien protège appartient au patron, de même que l’œuf de la poule appartient au propriétaire de la poule. La poule s’engraisse pour le bien du propriétaire. Tu ne vas pas me reprocher de fructifier ce qui languit chez eux.
– Sois franc envers toi-même: je te défie d’installer ton royaume chez eux.
– Où que je me trouve est le centre et la périphérie est où je ne suis pas. Le paradis est rotatif et c’est pour cela que la terre tourne autour de là où je me trouve. Il n’est donc pas impossible que le paradis se retrouve un jour à l’endroit de ses origines.
– Tu es le centre, tu es la périphérie. N’es-tu pas lassé de tant de pouvoirs? Quand passeras-tu enfin la main?
– Le symbole de mon essence est le pouvoir. J’ai été généreux en t’en abandonnant une parcelle. Tu n’existes que parce que je le veux bien et tant que je serai ton outil de mesure, tu seras toujours mon subalterne.
– Le champ de mes conquêtes ne cesse de s’accroître, je te l’ai dit et même les yeux fermés tu le verrais, je pêche de plus en plus de baleines dans tes ambassades.
– Tu pourrais être poli une fois dans ta vie et me parler en me regardant.
– Il ne faut pas pervertir les sens. Ce n’est pas avec les yeux qu’on écoute quelqu’un.
– Si tu as pu parvenir jusqu’à moi, ce n’est pas pour rester tout le temps de dos.
– Je reste dans la position qui me convient. Et si vraiment le confort de la conversation est important pour toi, éteins cette lumière qui m’aveugle.
– Si j’éteins la lumière, tu n’as plus d’interlocuteur, et toi-même tu n’existes plus et il n’y a plus rien. Ce n’est pas de cette manière que je compte mettre fin à ton pseudo règne. Parlons plutôt d’autre chose. Venons-en au fait.
– J’ai reçu il y a quelque temps dans mon vaste royaume un individu. De la pire espèce qui n’ait jamais existé. J’en ai pourtant accueilli : des violeurs, des voleurs, des chrétiens, des fonctionnaires, des musulmans, des chômeurs, des juifs, des Noirs, des ministres du culte, des Blancs, des athées, des dictateurs, des Jaunes, des empereurs, des anges, des prophètes, je dis toutes sortes de clients. Et voici une sorte d’obsédé de jeux qui a réussi à transférer toutes ses douleurs à tous les miens. Le plus grave, il ose attenter à mon trône. Tout allait bien tant que je n’avais qu’un seul ennemi. Deux hyper puissances, cela concourt à l’équilibre, je te le concède.
– À la bonne heure !
– Mais trois hyper puissances, cela ne s’est jamais vu. As-tu une fois de plus décidé de te multiplier ou de te déguiser ? Ce n’est pas du tout fair-play de ta part que de m’expédier des espions. C’est injuste de ta part.
– J’ignore de qui tu parles. Mais si le principe d’équilibre est menacé et puisque tu m’accuses d’injustice, renvoie-le-moi et tu mesureras l’étendue de tes limites.
Mesdames et messieurs, je n’étais pas encore né lors de la première altercation entre ces deux super puissances. Je reconnais ma faute d’inattention lors de la seconde. Je promets toute ma vigilance pour vous en rapporter l’issue lors de la troisième. L’Histoire tant qu’elle n’est pas achevée se nourrit de failles, de bégaiements, de trous de mémoire, de clair-obscur, de pointillés, de demi respirations, de ratures, de compréhension en queue de poisson, d’aubes d’absurdités et même de fautes. Il est des épisodes où même le livre de Dieu n‘est pas très clair, comme lors de cette deuxième rencontre. Un jour, il y fera jour et alors on saura. Ce que l’Histoire nous dit, c’est que dans ce royaume des vertes prairies, on joue également. Bonne nouvelle, car qui perd ici gagne et celui qui gagne, gagne autant que son adversaire. Il n’y a pas de conflit foncier, ni frontalier et il y suffit de désirer quelque chose pour que cela soit ainsi. Ading Akouma Kobingolom obtint de la sorte sa green card et il est aujourd’hui assis à côté du chef. A droite? A gauche? Je ne sais. Si vous ne bougez pas d’ici en attendant ma seconde venue, je vous le dirai!

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