Les motifs qui emmènent les africains à émigrer ne sont pas identiques à ceux qui poussent les occidentaux à courir à travers le monde. Etudiants, nous venons chercher, ou mieux compléter notre savoir intellectuel, scientifique, culturel et technique en Occident. Dans l’orientation universitaire, la curiosité intellectuelle guide moins nos choix que la perspective plus tard d’exercer un métier nécessaire pour développer l’Afrique. Parfois, cette orientation vise uniquement la perspective d’une profession prestigieuse et hautement lucrative. Une autre raison est celle de fuir la misère et « aller se chercher » en Occident, parce que nos potentialités, nos compétences y sont rémunérées à leur juste valeur, en tout cas incontestablement X fois mieux que chez nous. Nous partons donc de chez nous où il y a énormément à faire et nous nous installons ici, où presque tout est fait, où on achète du miel pour le transformer en miel, où on détruit de belles routes pour en construire de plus belles encore, rien que dans le but inavoué de donner du travail à la population.
Nous débarquons en Occident, avec de louables et légitimes intentions plein la tête, de retourner un jour au pays, en héros. « Vous êtes l’avenir, le fer de lance de la nation », nous sérinait-on dans les discours politiques. Au pays, le seul fait d’être là-bas « de l’autre côté » vous élève au rang de messie, espoir de toute une famille, voire locomotive de toute la tribu. Chaque membre de la famille établit son budget, contracte des dettes, initie des projets, voire accouche ses enfants en comptant sur toi. Les enfants seront scolarisés grâce à toi, les malades t’attendent pour guérir et si cela se pouvait, les morts t’espèreraient même pour être enterrés. Voici donc qu’un jour, de passage en Europe, un oncle, ou une tante, ou un grand cousin (cela peut même être l’ami d’un ami) qui occupe déjà de hautes fonctions au pays squatte chez toi pour que tu l’aides à acquérir une limousine ou un salon en cuir. Pour te remercier, « Termine vite tes études, tu viens. On va voir ce qu’on peut faire pour toi. Il y a même quoi dis donc, c’est nous quand même qui avons les choses en main ! D’ailleurs, si tu viens en vacances, tu viens habiter à la maison (entendez chez moi). »
On écrase des nuits blanches, en jonglant entre études et petits boulots. D’un côté de la ville à l’autre, on trace tantôt des parallèles, tantôt des tangentes. On profite du trajet en métro pour piquer un ptit somme entre 2 boulots, les yeux cachés derrière des lunettes de soleil ou faisant mine de lire un journal abandonné sur le siège voisin par un sdf truffé l’alcool. Métro-boulot-Amphi-métro sans dodo. Il faut rassembler tant bien que mal un pécule pour le billet d’avion et un petit plus « pour ne pas partir au pays comme ça, les mains les mains».
Ouf ! Les vacances au pays. Un aréopage te vient accueillir à l’aéroport. L’oncle est là, à qui douaniers et policiers de service servent du « Chef » en se mettant au « Gardes, à vous ! ». Les formalités sanitaires, policières et douanières ? Pas pour toi. Toi aussi, tu te sens aussi important, car ici, au pays, tout seul tu n’es rien. On n’est quelqu’un que derrière quelqu’un. Tu loges comme promis chez l’oncle, dans une villa dont les murs d’enceinte sont plus hauts que ceux de la maison. Tu es aux petits soins, un invité d’honneur. On déménage les enfants de la chambre d’hôtes pour l’aménager à la hauteur de ton rang. Ton sac de voyage et tes effets sont en sécurité dans la chambre des parents, parce que les enfants de la maison ont le bras un peu trop long. A boire et à manger à bouche que veux-tu ? Tu es le tonton à qui on cire les chaussures au quotidien, dont on emmène les vêtements griffés au nettoyage. On te pouponnerait s’il le faut. Invitations par-ci, virées nocturnes par-là, sorties arrosées à la petite guigui ou la jobajo. Quant à toi, tu distribues téléphones portables dernier cri et montres de marque à gauche et à droite, confortant les gens dans l’idée que tout cela se ramasse en Europe, qu’il suffit seulement de se donner la peine de se courber.
Hier le maquereau braisé accompagné de miondo, aujourd’hui la sole couchée sur son lit de piment à « Maison blanche », demain la viande de brousse chez Mami Ndolé et après-demain les soyas au Ministère éponyme. Tes euros se dissipent comme du sucre dans le tapioca. La voiture est à ta disposition, tu en as même les clés et le chauffeur est là aussi. Tout le monde au quartier sait qu’il y a un ou une « mbenguetaire » qui est en vacances ici. Si tu es un mbenguetaire, les copines de tes cousines font des tours en permanence tandis que collègues et amis de ton oncle passent plus que d’habitude voir s’il est là dans le cas où tu es une mbenguetaire. Bref tu es un héros avant même la fin de tes études. Ah ! Qu’il fait bon d’être touriste au pays natal ! « Je reviendrai souvent ! »
« Ô Temps, suspends ton vol ; et vous, heures propices
Suspendez votre cours » disait A. de Lamartine.
Tu fais un tour au bureau de l’oncle qui est directeur du directoire à la direction de la mangeoire de je ne sais plus quel ministère. Il est aussi fondé de pouvoirs, membre du conseil d’administration dans plusieurs sociétés d’Etat et celui en charge d’en liquider d’autres. La secrétaire est tout sourire, ta seule apparition vaut autorisation d’entrée sans s’enquiquiner d’audience à remplir. La salle d’attente où des visiteurs moisissent depuis le matin n’est pour toi qu’une antichambre de passage. Tu peux te servir du téléphone pour appeler le monde entier sans fin, aux frais de l’Etat. Tu peux même de permettre de dicter des ordres à la secrétaire. Hélas, les belles choses ne vivent que le temps d’une rose.
Bientôt, faut plier bagages. Le temps a filé comme une étoile. Adieu java, Ndolè, sole farcie d’oignon, kondre, sauce gombo, mintuba, képen ke basi, kanga, mbòl, éru, foléré, okòk et mbongo tchòbi. Bonjour la neige et les froids regards ; hello l’indifférence et le racisme ; allo les visites aux amis uniquement sur rendez-vous et les nourritures sans père ni mère fabriquées en séries dans des usines et laboratoires. Le stress vous dresse tapis rouge à l’aéroport. La montre et le réveil reprennent leur trône au centre de votre existence. Mais la motivation est plus que forte de terminer ses études et quitter ce fichu pays. Il fait même très froid ici.
9, 8, 7, 6,5, 4, 3, 2, 1,0 et hop dans le 1er avion. Les copains se demandent si vous avez perdu la raison. Les voisins s’interrogent si vous connaissez la chanson. Pourtant les échos qui proviennent du pays, les conseils des parents et amis, les uns aussi contradictoires que les autres inclinent à la prudence. Mais dans votre tête résonne l’écho de la promesse d’emploi, tandis que vos papilles gustatives conservent encore les relents pimentés du maquereau braisé. Il n’y a rien à faire, le pays m’attend. Je suis quand même ingénieur docta!
Débarquement à l’aéroport : de nombreux corbeaux coassent sur la piste d’atterrissage et forment une haie d’honneur autour de l’avion à ta descente. Seuls des porteurs impolis se précipitent sur tes bagages pour te soustraire quelques pièces : « Grand, il n’y a pas quelques euros qui sont restés ? ». Des youyous à gauche, des effusions de joie à droite, en vain vous attendez que quelqu’un appelle votre nom. Vous écarquillez les yeux, vous avez beau vous hisser de quelques centimètres sur les orteils de vos mocassins, en vain, pas l’ombre de votre oncle. « Grand, vous voulez un taxi ? » « Ne me dérangez pas, je vous ai mille fois dit qu’on doit venir me chercher. » 30 minutes s’écoulent. 1 heure passe. Certainement les embouteillages. Tous les passagers sont partis. Les agents d’entretien se mettent à dérouler les serpillières. Les porteurs de bagages commencent à comptabiliser les piécettes qu’ils ont engrangées: çaaaa ! Dis donc les passagers de ce vol étaient chiches, yeeuuuch ! La nuit tombe. Les douaniers bedonnants quittent l’aéroport, s’engouffrent dans des véhicules de luxe, les poches bourrées de billets de 50, 20, et 10 eurodollars et les bras pleins de cadeaux qui ne leur étaient pas à l’origine destinés. Les moustiques entament la ronde en effectuant leurs essais de voix, ténor, baryton, soprano, basse. C’est alors que vous vous rendez compte que votre oncle ne viendra pas.
« Grand, Orange ou MTN, vous voulez charger ? » vous demande une « call boxeuse ». Appeler l’oncle, que n’avez-vous eu plus tôt cette idée ?
«Excuse-moi, je suis en réunion avec le ministre et ça duuure ! Essaie de prendre un taxi et va à la maison. Tu as un peu d’argent sur toi ? »
Le chauffeur de taxi que tout à l’heure vous regardiez du haut de votre morgue vous soulage de 10.000 francs. « C’est le tarif, grand ! Normalement à cette heure-ci même c’est le double. Mais comme c’est vous…Grand, vous-même vous voyez, à cette heure-ci… et avec tous les bandits qu’il y a ici dehors, je ne peux pas tenter de vous laisser en route. Je suis obligé même quoi même quoi d’aller vous déposer devant la porte à domicile. Le pays a changé hein ! Cè est plus comme au temps ! » La guimbarde pétaradante vous dépose à destination, non sans avoir déchiré votre pantalon pour vous remercier d’avoir honoré ses sièges rapetassés. Manu Dibango chante : bienvenuuueee welcome to Cameroooon, ooouuuu huuu !
On vous installe dans la chambre du fils aîné qui étudie à l’université. Chance, il ne vient à la maison que les week-end parce qu’il habite le campus universitaire. Les 1ers temps, on vit encore dans la peau de l’étranger, le temps que s’épuisent vos eurodollars de munitions. L’oncle a pris vos dossiers pour les remettre personnellement en de bonnes mains. A présent, il faut attendre. Les temps ont changé : les 1ers jours, on te fait sortir du bureau pour attendre un peu à côté, dans le secrétariat. Puis le téléphone est très souvent en dérangement. Subitement la secrétaire doit vous annoncer et vous êtes prié d’attendre quelques heures, parce que le patron « reçoit » ou est « en communication ». Vous avez épluché tous les journaux qui traînent, vous avez vu entrer moult visiteurs depuis les lycéennes à DVD (dos et ventre dehors) jusqu’aux ancestresses aux kaba ngondo élimés en passant par toutes sortes de courtisans. Mais vous, vous devez attendre. Vous n’avez plus de joker, vous avez perdu la carte de propriétaire. Vous faites le dur apprentissage du train-train.
Heureusement, il y a encore les vieux copains, les amis d’avant le départ pour l’Europe. Vous les avez rencontrés à tout hasard, en flânant au marché central où ils ont leurs bureaux sur le trottoir. Ils se « débré » comme vendeurs à la sauvette, pharmaciens du trottoir, prestataires des services de téléphonie mobile, rabatteurs de magasins. Tous ou presque sont bardés de diplômes. Sortis des universités locales, ils tracent leur avenir avec leurs orteils sur le goudron délabré du pays. Sous la pluie sous le soleil, leurs terroristes s’appellent Awara ! Awara ! ou bien la Communauté Urbaine. Ils déchiffrent leur destin dans les capsules gagnantes des bouteilles de bière et rêvent debout devant les courses de chevaux qui font d’imaginaires millionnaires dans un tiercé qu’on rate toujours de peu. Trop peu pour toi, frais émoulu de Mbeng.
Au kwatt, vous avez commencé lentement à sympathiser avec les jeunes désoeuvrés. Les chimpanzés font bande avec les chimpanzés, les panthères avec les panthères. A condition égale, on ne saurait s’ignorer. Votre séjour en Europe est le menu quotidien. Les faits divers les plus banals sont racontés comme autant d’exploits. Taper les divers devant cet auditoire d’ébaubis devient l’activité principale après le BBH, autrement baptisé le 50-25-50 (beignets 50 francs –bouillie 25 francs –haricot 50 francs).
Quant à la recherche du boulot, les dossiers remis à l’oncle suivent leur cours. Pour l’un, le ministre a dit d’attendre ; pour l’autre, le patron est allé en congés en Europe. Le troisième dossier, on verra après les élections et le quatrième attend le remaniement ministériel qui est plus qu’imminent. Tout est bloqué en ce moment. Quant au cinquième, il est en bonne voie et en ce qui concerne le sixième, le PCA a dit qu’on attende le nouveau budget. Pour le septième dossier, il y a un os parce que je ne m’entends pas bien avec le général, mais comme je connais « bien bien » sa secrétaire, elle a dit qu’elle va voir ce qu’elle peut faire. J’ai remis le huitième dossier au député de chez nous, mais il est malade en ce moment et le neuvième dossier attend qu’une place se libère. Pour les autres dossiers, on attend : dès qu’une opportunité se présente, tu seras prioritaire. C’est dur, mais il faut être patient. Ces choses-là ne sont plus faciles comme avant ! Si tu avais terminé tes études l’an passé, vraiment ça c’était un petit problème. Mais depuis qu’Epervier…, personne ne prend de risque hein !
Et les jours s’écoulent comme l’eau du Mfoundi, interminable; et les mois passent comme un rallye d’escargots. La saison sèche succède à la saison des pluies et annonce la prochaine saison des pluies. L’oncle se fait rare à la maison, la maîtresse des céans devient acariâtre; la nourriture s’appelle désormais ration et les sorties signifient davantage échappatoire à l’ennui et aux frictions quotidiennes. Il y a des jours où il n’y a rien à manger et des jours où le petit déjeuner ne suffit pas pour tous. Les enfants de la maison commencent à vous dérespecter et les parents à prendre le parti des enfants malappris. D’ailleurs, l’oncle devient une ombre. Il vient de moins en moins à la maison avant minuit et en repart de plus en plus très tôt le matin. Le fils aîné dont vous squattez la chambre se plaint sans arrêt de l’exiguïté et de la promiscuité. Puis vient une phase où ses affaires commencent à disparaître dans la maison. Evidemment ce n’est pas vous le coupable, maaaiiis… La mauvaise humeur est à couper au couteau, les factures d’eau s’accumulent et celles d’électricité sont impayées.
Les matins deviennent longs et les nuits épaisses à découper à la tronçonneuse. Ce qui, hier encore aux oreilles des gars du kwatt résonnait comme tes exploits outre-mer se transforme grâce à l’alchimie du kongossa en tes turpitudes en Europe : le long crayon venait crâner ici -quelle école même ? un gne mann qui a passé tout son temps à b… les vieilles rémés blanches et à laver les cadavres -on m’a tok qu’on l’a même tcha, il était même au ngatta pour trafic de…-il était même au Nigeria ici à côté, il vient parler des States -là-bas, tu peux même trouver un nègre qui va passer les examens à ta place –son oncle est quand-même un kapo, vous croyez qu’il ne lui falla pas le wok pourquoi ? c’est qu’il a les faux caolos –moi-même je wandayais la qualité de toli qu’il parlait ici flop comme ça là –maintenant que ses do sont bolè, je crois qu’il va commencer à toum ses kako –ingénieur docta, c’est ça qu’on mange ?…
Héros avant la fin des études est devenu zéro à la chasse au boulot. Même au pays natal, le tourisme n’est pas parenté avec l’émigration. A croire que quand vous naissiez, l’avenir était en voyage. La nuit vous évoquez Paul Verlaine :
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Bercent mon cœur
D’une langueur
Monotone
Ai-je bien fait de renter au pays ? Des échos d’enfants qui jouent derrière la maison te parviennent: la vie c’est le tiercé.
L’abi de confiance (suite)
Ai-je bien fait de renter au pays ? Repartir ou rester ? Des échos d’enfants qui jouent derrière la maison te parviennent: la vie c’est le tiercé.
Désormais ici chez l’oncle, si ce n’est pas l’enfer, il faut interroger du côté de l’Académie française pour donner un qualificatif à la nature des relations. Deux jours durant, tu as décidé de débarrasser tes hôtes de ta présence. Tu es allé cacher ta petitesse chez ta petite tout un week-end, sans prévenir ton oncle ni sa femme. Le rubicond est franchi, ton baluchon est sorti : tes vieilles valises t’attendent devant le portail. Et puisqu’il ne te restait plus rien comme dignité, tu n’as pas demandé ton reste. La petite copine, qu’on a nourrie d’espoir d’un éminent boulot imminent, devient le refuge. Mimi est ton abri contre les intempéries et la solitude ; elle est ton antidépresseur et ton dépanneur. Et comme pour prouver qu’on peut être sans emploi, mais hautement actif dans l’oisiveté, tu l’as diplômée d’une grossesse, la Mimi. Et tu as parfaitement raison : bonheur ou malheur vient toujours avec cadeau sur ça cash, jamais à crédit.
Ta pauvre famille au village est à l’agonie. Elle qui avait tant misé sur toi est la risée de toute la région. On t’a certainement « attaché » au village. Une sommité intellectuelle comme toi ? Nooonn. Le prêtre exorciste a épuisé les petits sous de ta maman pour les messes d’action de grâces. La pauvre est déjà endettée jusque sous l’oreiller. Charismatique Éphata du 7ème jour de la Vraie Église de Dieu du Saint Esprit de Jésus Sauveur avec la Lumière des Témoins de Jehovah, wú yè djob tu connais la bible plus qu’un musulman ne récite le coran et mieux qu’un juif la torah. Ta vieille maman ne traverse plus ses nuits que sur les lieux de veillées de prières. À force de génuflexions, la peau de ses genoux est devenue aussi épaisse que celle d’un éléphant. Nnnnna Maaaaria ! Ntiii Yéééésus ! nya Zamba ! Toi-même tu es au régime à eau bénite, huile sainte, chapelet de rosaire en forme de crucifix. Et comme chacun connaît quelqu’un qui avait les mêmes problèmes que toi, tu as piétiné les sentiers des forêts les plus denses pour aller consulter des malam-marabouts-guérisseurs-voyants-tradi-praticiens chacun d’eux plus puissant que le précédent. Le cheptel caprin de ton père et la basse-cour de ta maman en ont, de leur sang payé le prix.
Pour l’un, tu aurais eu des relations avec une femme qui a pris toutes tes chances. Pour un autre illuminé, toi la mbenguetaire, c’est l’homme qui sortait avec toi qui a coupé une touffe de tes cheveux, il a taillé tes ongles, il a emporté un de tes sous-vêtements quand tu avais tes menstrues et t’a maraboutée afin que tu l’épouses. La preuve : n’as-tu pas souvent mal au bas-ventre juste avant tes règles ? C’est le ver que ce type t’a lancé! Et comme tu n’as pas voulu céder… Un autre encore prétend que celui qui t’a fait ça est mort depuiiiis, et pour aller te délivrer, vous irez dormir 9 nuits au cimetière. Au 9ème jour, tu dois jeter 1 million de francs dans la rivière pour soudoyer les esprits, car ce guérisseur risque sa vie dans ce sauvetage. Hé! Tu hésites ? D’ailleurs, cette somme est dérisoire, parce que le boulot que je te garantis est un poste où tu seras assis « djektement » à la droite du Président lui-même.
Un autre jour, tu t’es chamaillé avec le 13ème « écorsiste » qui voulait te faire boire des pipis de chat et manger un met de cancrelats pour exorciser l’évu de la co-épouse. Cette marâtre t’en veut parce que « tu seras quelqu’un ». Et comme tu es mécréant, on t’a conduit de force à Nguelemendouka chez les pygmées. Tu as passé la nuit à jongler avec des étincelles au fond d’une fosse au-dessus de laquelle un feu a consumé 9 fagots de bois. A la fin, mauvais signe, très mauvais même : le coq qu’on a posé sur ta tête y est resté plus de 3 heures, et en descendant, il a déposé sur ton épaule une purée de fiente. On projetait sérieusement de t’emmener au Gabon pour voir avec l’éboka lorsque tu as divorcé d’avec le village. On ne t’y reprendra plus.
Tu vadrouilles dans les rues comme un débile mental. Tu connais les bureaux des ministères et sociétés d’Etat par cœur. Les ascenseurs en panne depuis 20 ans, tu connais. Les toilettes qui ne fonctionnent que dans le bureau du Directeur les deux jours par semaine où il y a de l’eau, tu sais. Les salles d’attente envahies par 20 personnes et où on se relaie sur 2 sièges éventrés, tu connais. Pendant tes études en Occident, d’un côté de la ville à l’autre, tu traçais tantôt des parallèles, tantôt des tangentes. Mais, au moins en métro. Au pays, tu continues de tracer les mêmes parallèles, les mêmes tangentes. La différence est qu’ici, tu johnny waka mal mal avec tes lookót faya, car le goudron du pays, tel un mauvais cordonnier, a limé en oblique la semelle de tes tchakass. Le soleil et la pluie complices ont décoloré tes vieux costards. Tes chemises, blanches naguère, tiennent désespérément sur un cou amaigri où pendent bien malgré elles des cravates fatiguées. Aaa mouf mi dé! Ancien parigot! Ancien mbenguetaire dévalué !
Les réponses à tes demandes d’emploi sont variées. Ici, tes diplômes sont trop élevés ; là-bas, tu as le parchemin qu’il faut, mais il te manque l’expérience professionnelle ; ailleurs, il te faut « mettre les moyens » pour que le dossier aboutisse. Ou alors, on te propose carrément la voie suprême: le parrainage. Tu as deux chemins possibles : soit tu entres dans les ordres initiatiques, soit tu deviens bilingue. La dernière solution est même la plus sûre, d’autant plus que tes fonds de pantalon sont déjà élimés, tu n’as qu’à te courber, le big boss fera le reste. La même tactique est valable pour la mbenguetaire, la big boss fait le « marrainage ». Tu crois que quoi ? Hein ! C’est la voie « essou falack » qui rencontre beaucoup de succès en ce moment au pays. Tu vois, en 50 ans, le pays a progressé dè !
– « Qui, moi ? Nti Zamba bò assimba. No one day ! Taxi ! Taxi ! Aéroport, pardon grand, j’ai cent…! »
– « Mettez dedans ! »
Tant pis ! Mimi et l’enfant viendront te rejoindre plus tard.
On vend des cadeaux souvenirs à l’aéroport. Tous sont fabriqués en quantité industrielle à la main, comme en témoigne dessus le vernis noir qui fait de n’importe quel bois blanc un bois d’ébène pur importé du Gabon. Sauf que le bonimenteur de vendeur bamoun jure Allah que ce sont des pièces antiques, donc authentiques. La preuve : c’est sur ce trône que le roi Ntchare Yèn était assis quand Jésus est venu lui rendre visite. C’est écrit même dans le livre d’instruction civique, cours d’initiation.
Heureusement que ce discours ne s’adresse pas à toi. C’est pour le grand-père Blanc là qui passe bras dessus bras dessous avec une yoyette de 16 ans au derrière vaste comme une souche de palmier. Et ces moustiques qui font leurs gammes en chantant l’hymne du patriotisme, de l’amour du pays natal autour de tes oreilles, tu leur dirais bien deux mots si tu avais une kalachnikov. A côté de toi, un monsieur qui vient de sentir la cinquantaine défiler sur sa calvitie, fait des au revoirs au mode impératif à une dame de la même tranche d’âge que lui. La femme est parée de bijoux comme Néfertiti. Au moins 3 kilogrammes de make up mènent un terrassement acharné pour combler les ravins des rides qui ornent sa peau. On devine sous ses multiples pagnes une gaine de force hyper tendue, qui ceinture tant bien que mal son cimetière de grande guigui. La couleur de sa peau on dirait Fanta/Coca comme la sœur de Koffi Oyomabang. Peut-être que comme il fait nuit, tu vois mal. Mais, sûr ! On ne voit pas quand même avec les oreilles :
…dès que tu arrives là-bas, tu te jettes seulement dans l’eau… même s’il lui reste deux dents, un vieux est mieux…il ne faut pas perdre de temps, moi je reste garder nos enfants… western union est très cher… si on complique, vous venez même ici, tu vois non ?… Nèssa notre voisin Fa’a Nkap est officier d’état civil, il peut nous arranger ça en une semaine… non, qui te dit ? Moi-même je peux être ton témoin… ne vas pas dormir là-bas tu nous oublies ici derrière hein !… Le pays est mauvais !
Le temps mis au pays t’a semblé une éternité. Et cet avion qui ne décolle jamais à l’heure, on dirait « un plan » pour te retenir ici ! Le temps en Afrique n’est pas le même qu’en Europe. Chez nous, il est figé dans une immobilité on dirait élastique. Y a quoi ? N’y a pas le feu. Une fois les passagers installés dans l’avion, une équipe de stewards en sillonne les allées en pulvérisant la cabine avec un produit garanti non toxique. Et tu ne te souviens pas d’une similaire opération dans le même avion au décollage d’Europe. Evidemment, car tout ce qui vient d’Europe est civilisé. Pour ne pas transporter les miasmes des nègres en Occident, on doit purifier l’avion au départ de l’Afrique, terre de toutes sortes de sauvageries. Trop de microbes, trop de mauvaises habitudes, trop de d’odeurs nauséabondes. Ça sent la pulvérisation de produits anti capsides dans les cacaoyères de jadis. L’avion a finalement décollé aux alentours de minuit, délesté des puanteurs, presque silencieusement. On dirait le déchirement d’un tissu mouillé. Qui saura jamais pourquoi les avions arrivent toujours en Afrique pendant qu’il fait jour et en repartent la plupart du temps de nuit ? Combien sont-ils avec toi dans l’avion, à fuir ce pays comme des dératés ?
Adieu exorcistes, Ngrimbaman, talisman, pygmées, sorciers, sectes, parapluie, cooptation, gérontocratie, clientélisme, braquages, notes sexuellement transmissibles, homo pédé lesbianisme et tutti quanti. Re bonjour la neige et les froids regards ; hello la solitude ; allo les préjugés à la peau dure et les nourritures cuites en 5 minutes dans le micro ondes. Le stress vous accueille à l’aéroport. L’envoi des dossiers et l’attente d’une invitation pour entretien reprennent leur trône au centre de votre existence. Mais la satisfaction est qu’ici, une relative objectivité dans les entretiens d’embauche prime sur des considérations subjectives. Ingénieur docta signifie quelque chose de sérieux ici. Cependant la nuit, il y a cette jachèèèèère qui fait corps à corps avec toi dans le lit. Cette garce ne sait différencier ni le féminin ni le masculin ! Le service vidange est en grève.
Vous avez enfin trouvé un job. Mimi et le mioche profitent des vacances scolaires pour venir vous rejoindre. Vous faites un crochet au Danemark pour vous marier en bonne et due forme. Au pays, les parents sont heureux, vous prenez un abonnement chez western, tellement votre générosité est sollicitée. Tenez, par exemple : votre petit frère est dans la galère « depuis from». Vous lui avez acheté un permis de conduire depuis 2 ans et il ne survit que grâce à un ami taximan qui de temps en temps, le « lance » quand « c’est fort sur lui ». Il est temps de payer votre bon cœur de lui avoir fait faire un permis de conduire. Vous lui achetez un « congelé » ici. Vous en payez le transport jusqu’au port. Un juteux et douloureux western union ôte ledit véhicule des griffes de la douane et vous avez mis le gars « en haut », s. Vous venez d’élever votre petit frère au grade de « Grand », de patron ! (À suivre)
L’abi de confiance (suite et…pas vraiment fin)
(Note de l’auteur Félix Kama : ces textes sont des grandes lignes, idées-forces qui jalonnent le roman à paraître bientôt. L’ensemble qui a ici paru est un texte à trous. Le 1er n’était pas le début dudit roman, cette suite et fin n’en est pas la fin non plus. 12 chapitres débutent, s’interfèrent et terminent les 3 extraits ici publiés dans notre site de référence camer.be A chacun de vous lecteurs, ainsi qu’aux fondateurs de ce média hyper inter actif, chapeau ! Chapeau bien bas)
Ainsi donc, votre petit frère est « en haut » au pays. Il déménage du village et vient louer un appartement en ville. Il trouve rapidement qu’il peut recruter 2 « attaquants » qui font le taxi, tandis que lui-même, peinard, coordonne les recettes dans de multiples « bureaux » disséminés à travers la ville. Pendant que le chauffeur conduit, le patron est assis avec la petite derrière à droite, la main droite accrochée à la poignée au-dessus de la portière arrière. On le dépose à Mvog-Ada à 09h pour venir le reprendre à 11h afin de le conduire à l’entrée du lycée de Mimboman où il a une affaire à 12h30. Il ne faut pas rater de venir récupérer la petite de « l’auberge du Bitacola » à 15h30 précises afin qu’elle soit à l’heure chez ses parents. Dès 16h, c’est le tour de passer prendre une dame qui est cadre au ministère des finances et l’emmener manger les soyas chez Okali à Obala. Le week-end, son programme prévoit d’« enlever » la petite du quartier, celle qui joue à la dure-là, et aller lui montrer les secrets qui ont généré les chutes de la Lobé à Kribi. A t-elle même jamais mangé les crevettes « un pied dans l’eau »?
Mais votre petit frère pense aussi à vous. Il vous aime d’ailleurs beaucoup même. La preuve : il vient de trouver pour vous, un petit terrain à vendre : 500 m2 en bordure de la route ! C’est ni plus, ni moins qu’une occasion en or. Comme il y avait beaucoup de demandeurs pour ce lot et que le propriétaire « était dans les problèmes » (Connaissez-vous un vendeur de terrain qui n’est jamais dans les problèmes ? Soyez gentil, passez-moi son adresse), il lui a fait une avance de 500.000 francs. Ce sont les 10% du prix total de l’affaire. Vous téléphonez avec un certain Owona Kamga, le propriétaire terrien, qui vous assure que le dit terrain est « bien, propre, clair », c’est-à-dire qu’il y possède un titre foncier. Mais, contrairement à ce que votre petit frère vous a dit, il y a eu méprise : il a confondu 7 avec 5 ! Le terrain coûte 7 millions et non 5 millions. Quoi ? Un terrain pour lequel il a refusé les 6 millions de francs, cash, que lui proposait M. Fa’a Nkap ? Bon, comme ton petit frère est son ami, il peut quand même prendre 6 bâtons et demi. Mais vraiment parce que c’est toi. Si c’était quelqu’un d’autre… Très important : il faudra aussi y ajouter la nourriture pour la famille, 200 milles francs. Bon, tu envoies l’argent quand ? Parce que là là là, vraiment, ses capacités de résistance sont capricieuses, donc sans garantie.
Vous foncez à la banque prendre un crédit. Et puisque vous savez que la confiance avec les propriétaires terriens ressemble à la fidélité que vous jure une fille de rue au carrefour Tamezu d’Ebolowa. Alors vous empruntez quelque chose qui vous permette de commencer les constructions sur-le champ : 50.000 €. Vous devrez en rembourser 75.000 en 15 annuités. Mimi n’est même pas au parfum. Elle était déjà opposée au projet du taxi, prétextant le manque de sérieux du récipiendaire. Mais, entre l’écorce et l’arbre, la pauvre a eu peur de se faire écraser. Car elle sait que quand deux cailloux s’échangent des coups de poing, c’est le palmiste qui se met entre eux pour les séparer qui paie par éclats. En tout cas, ce ne serait pas mal de lui faire une surprise avec cette maison comme cadeau, pensez-vous.
Trois mois se sont écoulés. Chaque jour, votre petit frère vous informe de l’avancée des travaux. Il vous « bipe » afin que vous le rappeliez, parce qu’il n’a pas de crédit. Les Camerounais n’ont jamais de crédit dans leur téléphone portable. Vous devez toujours les rappeler, même quand ils doivent vous envoyer de l’argent pour que vous leur achetiez une belle voiture d’occasion, « de préférence celle qui est âgée de moins de 10 ans ». Chaque jour pourtant, ils « effectuent des transferts » en dizaines de milliers de francs vers les portables de leurs petites. Heureusement que celles-ci le leur rendent si bien : elles ne les rappellent que quand ledit crédit est sur le point d’expirer.
Le maître d’ouvrage du projet, votre petit frère bien sûr, vous expédie des photos du chantier de votre futur duplex. Un seul mot : magnifique ! Lui-même s’est laissé photographier en costume et cravate assortie avec lunettes de soleil et chapeau noir assis sur le capot du taxi, fumant un cigare devant le chantier en construction. On dirait un membre des blues brothers. Il n’y avait personne au chantier ce jour-là. Normal, c’était le jour du 20 mai. 6 mois se sont écoulés. Votre petit frère devient intermittent au téléphone. Il est en permanence hors réseau. Parfois, dit-il, ce téléphone « s’éteint tout seul », et quand tu réussis à l’avoir pendant quelques secondes, la communication est tellement défectueuse qu’il a à peine le temps de te dire qu’il se trouve au village. Allo ! Allo ! C’est qui ? Mais, présentez-vous, monsieur. Vous dites « c’est moi ! » « C’est moi » c’est le nom de quelqu’un ?… Qui ?… Ah c’est toi ? Dis donc, je ne t’entendais pas bien. Bon, rappelle-moi plus tard parce qu’il y a beaucoup de bruits ici… Je dis qu’il y a beaucoup de bruits… On est au stade Kòngolibong, l’équipe du village joue contre les villageois voisins. Heuunn allo ! Quand tu viendras en vacances, apporte-nous un jeu de maillots, bref l’équipement complet… C’est moi qu’on a nommé président du club… Allo ! Je t’ai même fait nommer Président d’honneur… Allo ! Il y a des talents ici, il faut que tu leur cherches même une équipe là-bas… Allo ! Attends, si tu vois même quelqu’un qui vient ici au pays entre temps, envoie-moi un bon portable, avec caméra, mp3… le genre multi média que tu avais la dernière fois que tu étais ici ! Ce vieux machin-ci est déjà gâté. Tsac, et il a raccroché.
Bon, le duplex est presque terminé, c’est-à-dire qu’il ne manque que les dépendances, les sanitaires, le carrelage, l’électricité, la clôture, les ouvertures et la peinture. Mais, comme l’argent est épuisé, tu dois encore nous en envoyer un peu. Le technicien évalue tout ceci à 8 millions de francs à peu près. Tu crois que j’ai mangé ton argent? Le budget initial a été impossible à respecter: le ciment est fini sur le marché, et son prix a doublé. Puis, il n’y avait plus de fer à béton, et son prix a doublé. Puis il y avait pénurie de bois, et son prix a triplé. Puis la saison sèche a été rude, et le prix de l’eau a encore augmenté. Puis la saison des pluies est arrivée, et le prix du sable Sanaga est monté. Puis, il y a eu pénurie d’essence, et les taxis ont fait la grève. Puis, le prix du carburant a augmenté, et les apprentis prestidigitateurs ont agité les émeutiers. Puis, il y a eu augmentation des salaires, et le prix de toute chose a augmenté. Puis, le mois de mai est arrivé, et les jours fériés étaient trop nombreux. Puis, la saison des grandes vacances est arrivée, et les ouvriers sont partis travailler le cacao. Puis la saison des funérailles à l’Ouest est arrivée, et les ouvriers sont allés oindre l’huile de palme sur les crânes des morts (dont personne ne s’est jamais inquiété si le reste des ossements est toujours en place). Puis, l’harmattan est venu, et les ouvriers sont partis participer à la fantasia à Ngaoundéré. Puis, le chef du village est parti pour un court séjour en ville, et la route a été barrée. Puis, il est revenu pour un court séjour au village, et la route était de nouveau barrée. Puis, des chefs des autres villages sont venus fêter le « c’est quand tes nerfs », et les ouvriers sont partis applaudir. Puis le chef ne voulait plus accomplir plus de 2 ans à la tête du village, et nous sommes allés applaudir. Puis, il a dit qu’il réfléchit encore s’il peut rester plus longtemps, et nous sommes également allés applaudir. Puis, il y a eu meeting du parti, et les ouvriers, qui sont tous des élites dans leurs villages sont partis rédiger des émotions de soutien. Comment le petit argent que tu as envoyé aurait-il pu suffire ?
Que faire maintenant, vous demandez-vous ? Vous n’allez tout de même pas abandonner un projet dans lequel vous avez investi plus de 30 briques à cause d’une rallonge de 8 millions. En sciences économiques, ce serait insensé. Mais où trouver une rallonge de 12.000 € ? Le bon Dieu fait parfois bien les choses. Heureusement que vous êtes dans une tontine avec vos concitoyens. C’est justement votre tour de « manger le njangui» ce mois-ci. Mais la chance marche parfois avec le badluck. Comme c’est vous qui « recevez », la réunion a lieu donc chez vous, et c’est Mimi la ministre de l’Intérieur. Elle a même déjà « fait sa part de plan » sur l’argent-là, vu que vous cotisez ensemble sous le même nom.
Mais vous n’aurez pas beaucoup de peine à la convaincre d’un projet de construction d’une « bicoque » au pays. Il est vrai qu’elle aurait mieux souhaité que vous alliez vous acquitter de votre devoir de dot auprès de ses parents. Mais, ma chérie, la dot ne presse pas. Pense bien, en nous rendant au pays pour l’honorer, où habiterons-nous ? Où logerons-nous nos invités ? Est-ce que tu sais même que je programme un coup double : dot et mariage à l’église ? Oui, au Palais des Congrès ! Tu vois, ma chérie, en même temps est mieux, comme on dit à Yopougon. C’est pourquoi j’ai prévu d’aller seul au pays le mois prochain pour lancer les travaux de construction. L’an prochain, nous y repartirions en décembre pour toutes les cérémonies au village.
Felix Kama
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